Glyphosate, Plantes GM et Santé

C’est le titre de la conférence à laquelle nous avons participé Philipe et moi jeudi 4 février 2016.
Le Dr Robin Mesnage est toxicologue au King’s  College de Londres. Il travaille dans le département de génétique moléculaire et fait partie de l’équipe du Dr Michael Antoniou. Ses travaux sont principalement axés sur les évaluations sanitaires des OGM et des pesticides. Il est co-auteur avec le Prof. Séralini de la seule étude sur le long terme du Roundup et d’un maïs OGM tolérant au Roundup.

L’étude s’est faite sur des rats, dont les reins et les foies ont été analysés sous moultes coutures. Lors de cette conférence, nous nous sommes trouvés “en théorie”….dans ce pays étrange qu’est celui du monde scientifique. Sur le terrain, nous ne sommes pas en théorie.

Quelques éclaircissements sur le pourquoi de l’association entre le Glyphosate (Roundup) et le monde de la génétique. Avant tout quelques définitions et explications :

Qu’est ce qu’un Gène ?

Les gènes sont un peu comme des plans de construction; il y est écrit quel type d’être vivant se développera et quelle allure il aura. Tous les êtres vivants possèdent dans leurs cellules un livre (ADN) écrit avec les lettres A, C, G et T. Un gène correspond à une phrase de ce livre. Il est possible d’introduire des changements précis dans ce livre, par exemple, d’y introduire une nouvelle phrase. L’ADN d’origine contiendra alors un gène additionnel. Ceci grâce au Génie génétique.

Qu’est ce que le Génie génétique  ?

C’est la science qui utilise des procédés dans la recherche, en médecine et en biotechnologie, introduisant des changements précis au sein  de l’ADN des cellules, soit à l’aide de l’ADN d’une bactérie (OGM), soit par bombardement de rayons ou de produits chimiques (mutation génétique). De tels transferts de gènes fonctionnent entre êtres vivants non-apparentés. Ainsi, il est possible, par exemple, d’introduire un gène de bactérie dans l’ADN d’une plante.

Lors de la 9th réunion :  International Symposium on Adjuvants for Agrochemicals (ISAA 2014), il a été clairement exprimé que les OGM agricoles sont modifiés pour tolérer ou produire des pesticides en premier lieu. Les nouvelles gammes d’OGM se portent aussi sur des insecticides, ceci dans un pourcentage nettement moindre. Le lien entre OGM et Glyphosate devient évident.

Les liens entre OGM et Glyphosate.

Les OGM ont été vendus à la planète comme étant la solution contre la faim dans le monde. Pourtant, les bilans effectués sur le rendement des récoltes de plantes OGM n’ont pas mis en avant un rendement supérieur, ce qui apparait comme assez logique, ils n’ont pas été créés pour cela.

Les plantes OGM ont été modifiées dans le but de pouvoir supporter une charge en herbicide plus importante que la moyenne, elles se transforment de facto en éponge à pesticides. 

Le Dr Robin Mesnage a signalé oralement, lors de la conférence du 4 février 2016, que l’entreprise Monsanto l’avait mentionné en 1999 déjà ….

Chaque pays et Unions a ses propres règles et dans la plupart des pays du monde, l’utilisation du Rondup et des OGM sont complétement liés. Ce n’est pas la cas de la Suisse, celle-ci  bénéficiant d’un moratoire interdisant les OGM. A noter que le moratoire stipule de manière claire ce qu’est une plante OGM, définition établie lors de la mise en application de celui-ci. La science et les moyens de produire un OGM évoluent à grande vitesse. Il existe aujourd’hui de nouvelles techniques qui risquent de créer un vide juridique si celles-ci ne sont pas prises en compte.

Les tests de toxicité et de dangerosité d’un produit.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) – une agence de l’OMS – a classé le  glyphosate comme “cancérigène probable” depuis mars 2016.  (CRIIGEN)

Les chercheurs et une partie du monde agricole s’inquiètent du fait que l’évaluation des pesticides néglige systématiquement la toxicité des adjuvants pour se concentrer uniquement sur l’analyse d’une seule molécule, dite « principe actif », alors que l’on trouve dans le roundup par exemple :

  1. Le glyphosate en tant que principe actif  (inefficace sans adjuvants, car il ne possède pas le code d’entrée dans la plante)
  2. Les différents adjuvants tels que le POEA, qui sont considérés comme inertes donc neutres, ce qui est radicalement faux !!! ,

De plus, les différents adjuvants ne sont pas forcément cités dans la composition du produit sous prétexte de “secret de fabrication”…

Il est aussi à relever que toutes les évaluations se font sur des animaux “hors sol” alors que les organismes les premiers concernés sont justement la faune et la flore du sol.

Sujet développé dans : Nos interrogations en tant qu’agriculteurs autour des enjeux Agroécologiques et sociétaires de l’alimentation de demain

La toxicité du produit est réelle et reconnue

On peut se demander pourquoi nombre de pays continuent de l’autoriser de façon abusive. Sur les 26 pays faisant partie du tableau ci-dessus, seul 6 ont interdit l’utilisation du Glyphosate avant récolte (céréales/autres plantes) pre-harvest  (cereals/other crops)  et 8 pays comme  facilitateur de récolte par dessiccation (Harvest aid/ Dessiccation).

Ces procédés impliquent que le grain reçoit en direct le produit de traitement.

Lorsque le glyphosate est appliqué de cette façon, il reste intacte et se trouve diffusé tel quel à l’intérieur de la plante vers les feuilles, les graines et les fruits. Le fait qu’un herbicide soit appliqué peu avant la récolte renforce la probabilité qu’on le retrouve dans les aliments. Au Royaume-Uni par exemple, on a relié l’augmentation des résidus de glyphosate dans le pain avec le fait que le glyphosate est de plus en plus utilisé comme dessiccant sur le blé.

Interprofession Céréales France : passioncereales.fr

Extrait de : Glyphosate : problèmes dus à l’utilisation excessive, et alternatives pour les agriculteurs.

A savoir que les 4 premiers pays producteurs de céréales en Europe autorisent ces pratiques;  cela ne suppose pas pour autant une utilisation systématique de la part des agriculteurs de ces pays.

Encore un mot sur les OGM.

Lutter conter la faim dans le monde….. la belle arnaque……Les OGM seraient moins nutritifs qu’une plante non modifiée! Les plantes OGM sont équivalentes en substance mais pas en apport d’antioxydant.

Qu’est-ce qui rendrait les plantes OGM différentes sur ce point : le glyphosate , une fois absorbé par la plante, se lie à l’enzyme énolpyruvylshikimate-3-phosphate synthase (EPSPS) et bloque son activité, c’est ce qui permet son action herbicide. Les plantes meurent donc par carence nutritionnelle, CQFD….

Cela devient légitime et même urgent de faire une évaluation complète des impacts potentiels du glyphosate sur l’homme et sur l’environnement en général

Vincent Perret, toxicologue indépendant

Il ne faut pas perdre de vue que le glyphosate est un outil dangereux certes, comme les antibiotiques ou les hormones. Cependant dans les conditions actuelles (sociales, techniques, sanitaires et commerciales de l’agriculture) ils restent des outils, à défaut d’alternatives applicables à grande échelle, incontournables.

Nous allons prochainement développer ces propos dans : Nos interrogations en tant qu’agriculteurs autour des enjeux Agroécologiques et sociétaires de l’alimentation de demain.

Philippe et Lb